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The Hoochie Coochie
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Le Fils de l'ours père est une oeuvre puissante, premier jalon d'une écriture devenue caractéristique de son auteur. En effet, et bien avant son passage à la couleur (Heureux qui comme, Les Jardins de Babylone, La Jungle...), Nicolas Presl y affirme déjà sa préférence pour un récit muet qui cherche ses solutions signifiantes des côtés de la figuration et de la mise-en-scène plutôt que de ceux des dialogues et des récitatifs. On pourrait croire de prime abord à une démarche plus picturale que littéraire. Il n'en est pas moins que les partis pris narratifs sont directement inscrits dans le prolongement de la tragédie antique, socle réactivant la contemporanéité de questionnements tels que la transmission filiale, l'éducation ou la sexualité. Et déjà cet univers graphique tordu, dont on savait la proximité de l'expressionnisme de Grosz ou du Picasso de Guernica, mais dont Le Fils de l'ours père soulève une parenté picturale plus abstraite et plus sombre encore. Pour la 4e édition de ce livre sélectionné au festival d'Angoulême 2011, la fabrication a été rehaussée d'une couverture cartonnée flexible et de gardes au brun profond tel le pelage de l'ours.
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Née en 1978 en Union soviétique, Victoria Lomasko interroge, trente ans après la partition du bloc de l'Est, les vestiges de cet empire autant en Russie que dans les nouveaux États apparemment indépendants. Et tandis même que la pandémie de Covid 19 bouscule ses plans, le livre se mue en un témoignage d'une époque qui a vu le plus vaste pays du monde passer d'un sordide régime autoritaire à une effrayante dictature.
Les dernières lignes du présent livre furent écrites au début de l'exil de l'autrice, qui a débuté en mars 2022. Fidèle à la tradition littéraire russe où un livre ne traite que rarement d'un sujet unique, Victoria Lomasko dépeint à travers Le Dernier Artiste soviétique le portrait populaire d'un monde en équilibre précaire autant qu'elle interroge le statut de l'artiste. -
Ce livre chapitré en 7 parties, vues comme autant d'actes muets d'une pièce de théâtre, associe les systèmes narratifs du vaudeville à ceux du jeu de massacre en faisant montre d'une position toute féminine, si ce n'est féministe : on y assiste à la description clinique de situations de crise au sein de trois couples installés, avant que soit envisagée une solution radicale par chacune des protagonistes à l'encontre de leur compagnon. Alors que Mai-Li Bernard s'est faite spécialiste d'une approche minimaliste de l'illustration, ses recherches formelles provoquent ici un mélange de distanciation et de pertinence clinique. Chaque posture, geste, cadrage, devient ainsi porteur de sens et plonge le lecteur dans un état de concentration particulièrement impliquant, générant une empathie insoupçonnée pour un travail à l'apparente froideur esthétique. Mortelle Vinasse, premier projet long de Mai-Li Bernard, a été originellement publié en mai 2015 et a intégré la sélection du Festival d'Angoulême 2016. Le voici aujourd'hui réédité dans une version restaurée.
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Entièrement réalisé en papier découpé, Incidents est l'achèvement de cinq années de coups de cutter acharnés. Et dans ce jeux de formes et de couleurs brutes accumulées par Gérald Auclin, la poésie de Harms est à son aise. Pantomine Dada ? Pantins suprématistes ? Toute correspondance avec les avant-gardes picturales du début du XXe siècle ne saurait être fortuite. Mais qu'on ne se méprenne pas : ces Incidents ne relèvent aucunement de l'abstraction, tant les mots du poète réprouvé, avec leur fausse légèreté absurde et fulgurante, témoignent en réalité de la violence du quotidien russe des années 1920-1930.
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Scott est un adolescent victime de harcèlement scolaire, et son identité de genre semble l'interroger, mais à qui en parler ? Partageant sa vie avec une mère peu fiable et largement absente, Scott est bien souvent seul face à ses tourments, ses questionnements et son étrange faculté à converser avec les choses... Par ses couleurs volontairement passées, par son dessin faussement enfantin, et par l'invocation et la réactivation de légendes anciennes afin de servir son propos, les romans graphiques surréalistes d'Emelie Östergren évoquent l'art du grand Topor.
Si les apparences se font moins ouvertement cruelles, il ne faut néanmoins pas se méprendre sur l'objet du présent livre : Flore et Faune est une dérive psychique, impliquant la vigilance totale du lecteur tant chaque élément véhicule une charge symbolique. Et puis... il ne s'agirait pas vous perdre dans la forêt.