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Rackham
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Une certaine partie du corps de la femme, celle que Gustave Courbet a évoquée dans son ta-bleau L'origine du monde, a suscité et continue de susciter l'intérêt un peu trop «vif« de certains représentants de la gent masculine. C'est ainsi que le Dr. Kellogs, l'inventeur des corn-flakes, a pu affirmer que la masturbation provoque le cancer de l'utérus et le Dr. Baker-Brown a pu préconiser l'éradication de l'onanisme féminin par l'ablation du clitoris (la dernière a été pratiquée en 1948). Si le corps médical n'y va pas avec le dos de la cuillère, les philosophes ne sont pas en reste. Jean-Paul Sartre peut ainsi écrire « ... le sexe féminin... est un appel d'être, comme d'ail-leurs tous les trous ». Sous la plume acérée de Liv Strömquist défile toute une galerie de personnages (pères de l'église et de la psychanalyse, pédagogues, sexologues) dont les théories et les diagnostics ont eu des conséquences dévastatrices sur la sexualité de la femme.
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La finance qui règne sans partage, le gouffre qui ne cesse pas de se creuser entre richesse et pauvreté, la mainmise de la classe aisée blanche sur la culture et les médias, la gauche qui a renoncé à faire de la politique et l'a remplacée par un creux moralisme, les gargouillis identitaires...
Liv Strömquist s'éloigne le temps d'un livre des thématiques des Sentiments du prince Charles et de L'Origine du monde pour brosser un portrait sans concession de nos chancelantes démocraties européennes. Si le sujet a changé, l'approche de l'auteure suédoise n'a pas bougé d'un iota :
Partant une fois de plus d'une galerie d'exemples bien choisis, l'analyse de Liv Strömquist est toujours documentée, brillante et - avant tout - extraordinairement drôle. Un manifeste politique limpide et humaniste, une lecture salvatrice dans cette époque confuse et agitée.
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Transparents : histoires de l'exil colombien
Javier De isusi
- Rackham
- Morgan
- 17 Mars 2023
- 9782878272536
Camilo, Olga, Luciano, Orlando, Maura, Bernardo, Iris et Ángela, les exilés dont les existences se croisent dans les pages de Transparents, naissent de l'imagination de Javier de Isusi mais leurs histoires sont le fruit des témoignages recueillis par la Commission pour la Vérité en Colombie, une des trois institutions qui composent le Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition mis en place par la Colombie dans le cadre de l'accord de paix de 2016, à l'issue d'un des conflits les plus longs que le monde a pu voir : depuis la fin des années 1940, la guerre civile colombienne a causé 300 000 morts, le déplacement de 6 000 000 personnes et l'exil de 550 000 autres qui ont obtenu asile politique en plus de 30 pays différents.
À l'heure où le pays semble sur le point de tourner enfin la page, Transparents évoque la nécessité de faire lumière sur le passé, de ne pas oublier les victimes et les souffrances des survivants ; souligne le besoin de mémoire, collective et individuelle, pour ne pas répéter les mêmes tragiques erreurs. Des récits mis en images par Javier de Isusi ressort, avant tout, une seule et profonde blessure que les huit protagonistes partagent avec tous ceux - exilés, réfugiés, migrants - que les guerres et la misère jettent sur les routes du monde entier. Un drame humain que l'un d'eux a évoqué par ces mots : « Après le deuil consécutif à la disparition d'un être cher et l'acceptation de notre propre mort, l'exil constitue peut-être la plus grande épreuve morale que puisse traverser un représentant du genre humain.?La perte du foyer et du pays, qu'elle soit imposée par les circonstances, choisie par l'individu ou le résultat de ces deux facteurs combinés, marque une rupture sans commune mesure, qui bouleverse l'existence de manière irréparable et change complètement la vision que l'individu exilé a de lui-même, du monde qui l'entoure et de son époque ». En donnant corps et voix à tous ceux qui ont perdu corps, voix et âme en quittant leurs chers et leurs maisons, Javier de Isusi nous interroge et nous rappelle que nous aussi - tout comme les protagonistes de Transparents - « nous pouvons changer ça » et nous avons notre rôle à jouer pour mettre fin à ces souffrances. -
Tous les jours, à l'heure où le soleil atteint son zénith et le ciel prend la couleur du jus d'orange, le Potier et le Souffleur de verre se retrouvent pour déjeuner autour d'une immense table. Ils entretiennent une relation apparemment très formelle et pendant le repas ils échangent leurs impressions sur la seule chose qu'ils semblent partager : un sommeil troublé, ponctué d'insomnies et de rêves si saisissants qu'ils laissent planer un soupçon de somnambulisme.
Puis, un jour, un fait déconcertant se produit : au réveil, l'un d'eux trouve tout son travail de la veille réduit en pièces et éparpillé au sol. Pourtant, personne ne semble s'être introduit chez lui. Puisant dans ses souvenirs, il essaie alors de trouver la solution à cette énigme. Dans Zénith, récit qui est avant tout visuel et sensible, María Medem nous plonge d'emblée dans une atmosphère où règnent le mystère et l' ambiguïté.
Par une parfaite maîtrise de son étonnante palette de couleurs, des mouvements de caméra et des changements de perspective, María Medem crée page après page des paysages surprenants, nous faisant voyager dans cet univers étrange à la découverte de la dimension onirique du réel.
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Figure emblématique de militant libertaire, Lucio Urtubia Jiménez est, avant tout, un homme d'action. Car, comme il aime souvent le répéter "Un révolutionnaire qui ne fait rien finit pour ressembler à un curé". Toute l'existence de Lucio a été une lutte incessante contre l'oppression et pour un monde libre et juste ; au soir de sa vie, il a accepté de la raconter lors de longues entretiens avec Mikel Santos "Belatz" pour en faire une bande dessinée. C'est son héritage, le trésor de Lucio. De son enfance dans un village de Navarre à son émigration en France, de son travail de maçon à ses premiers contacts avec l'anarchisme, des expropriations au dépens des banques en soutien à la lutte contre le fascisme à la fabuleuse arnaque aux chèques de voyage qui a fait chanceler Citybank, la bande dessinée de "Belatz" ne néglige aucun épisode de l'aventureuse trajectoire de l'anarchiste navarrais dans un récit plein de force, de passion et d'action, tout comme la vie de Lucio.
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En janvier 1992, en vue de l'exposition consacrée à son oeuvre qui devait s'ouvrir quelques mois plus tard dans la ville wallonne de La Louvière, Alberto Breccia accorde un long entretien, le dernier avant sa mort survenue le 10 novembre 1993. Breccia y retrace les moments clés de sa carrière de dessinateur, expose sa conception de la bande dessinée et revient - avec la franchise et l'humour qui étaient les siens - sur ses relations houleuses avec le marché. Quelques mois plus tôt, Breccia avait achevé Rapport sur les aveugles, d'après Ernesto Sábato : une large partie de l'interview est consacrée à ses travaux d'adaptation d'oeuvres littéraires. Breccia révèle comment il a résolu les difficultés liées à la transposition du texte de Sábato et détaille sa méthode de travail, revenant aussi sur ses précédentes adaptations de Poe ou Lovecraft. L'entretien avait été publié dans un livret qui accompagnait l'exposition belge ; tiré à un faible nombre d'exemplaires, il avait été vite épuisé et devenu introuvable. À l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de Breccia, Rackham réédite ce précieux témoignage ; le texte a été entièrement revu et corrigé et est accompagné de notes et d'une préface inédite.
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« Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son coeur et boiras son sang. Elle t'apprendra à voir le vrai visage du monde ».
Obéissant à l'oracle, l'homme se met à traquer l'animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S'enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l'homme et l'animal, s'agrègent pour écrire, par-delà l'espace et le temps, leur tragédie commune.
Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d'animation (Psiconautas, los niños olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l'échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer.
Ces thèmes constituent de nouveau le coeur de La chasse, haletant récit de traque et de survie mêlant rites primitifs et initiatiques où Vázquez recompose le couple ancestral homme / animal, lui seul qui pourrait endiguer la destruction du vivant. Tissées d'échos à l'art pariétal, à la peinture classique chinoise ou encore à l'expressionnisme sombre de Lynd Ward et Frans Maaserel, les pages de La chasse sont de plus émaillées de lavis saisissants. Le tout est mis au service d'une allégorie puissante à la poésie déchirante, qui incite à la réflexion.
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Daria a quitté sa Pologne natale pour suivre des cours de bande dessinée dans une école suédoise. Une fois arrivée à Malmö, comme elle n'a pas réussi à décrocher une bourse, elle se met à la recherche d'un travail pour pouvoir payer ses études. Elle se frotte d'emblée aux inconséquences de l'administration : pour pouvoir travailler, elle doit avoir un numéro fiscal et, pour avoir un numéro fiscal, elle doit avoir un travail. Il ne lui reste qu'une solution : un job au noir dans la restauration. Embauchée comme serveuse dans un restaurant indien, elle découvre vite que, en plus des horaires massacrants et d'une paye de misère, il y a quelque chose d'autre qui ne tourne pas rond. Aidée par une journaliste et un délégué syndical, Daria mène l'enquête sur son lieu de travail. Sa vie va en être totalement bouleversée... Dans le Noir est le récit autobiographique d'une lutte syndicale menée par ceux qui vivent en marge de la société. Daria Bogdanska y dresse le portrait d'une génération qui ne connaît pas la sécurité de l'emploi tout en livrant un témoignage de l'intérieur sur la réalité du quotidien éclaté de la précarité. En même temps, Dans le Noir est l'histoire d'un nouveau départ laborieux, loin de chez soi, où l'aliénation de la vie dans une grande ville fait contrepoint à l'appétit d'amour, le désir d'intégration et la quête justice.
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Le Mexique et les États-Unis partagent une frontière commune longue de 3200 kilomètres dont un tiers est marqué depuis vingt ans par un haut mur de métal rouillé. Censé empêcher aux migrants d'entrer clandestinement aux États-Unis, cette barrière - que le président Trump voudrait étendre à l'ensemble de la frontière - n'est qu'un rempart dérisoire qui oblige cependant les candidats à l'exil à emprunter les routes dangereuses du désert et des montagnes où beaucoup d'entre eux finissent pour y laisser la vie. Au printemps 2017, Renato Chiocca et Andrea Ferraris ont voyagé le long de ce monument à la haine et à l'ignorance, ont écouté les histoires de ceux qui vivent à l'ombre du mur et recueilli le témoignage de ceux qui portent de l'aide aux migrants, les sauvant parfois d'une mort certaine et leur assurant un accueil dans la dignité et le respect de leur droits. Dans La Cicatrice, Chiocca et Ferraris racontent leur périple le long de ce «mur de la honte» nous rapprochant de son effrayante réalité et nous poussant à réfléchir à d'autres manières, plus sensées et humaines, de résoudre cette urgence devenue désormais planétaire.
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Depuis une dizaine d'années, la question libyenne divise profondément l'opinion publique internationale, entre les adversaires et les partisans de l'intervention armée de 2011 qui a conduit à la chute de Kadhafi. À l'échelle européenne, les dissensions se cristallisent autour des migrants. D'un côté, certains croient que le flux ininterrompu de migrants vers les côtes méridionales du continent doit absolument être endigué et que les centres de détention - licites ou non - sont une solution. De l'autre, certains pensent que les migrants emprisonnés en Libye doivent fuir les camps et se mettre à l'abri des trafiquants et autres exploiteurs.
Mais il faut se méfier de tout manichéisme : la réalité est plus complexe et il appartient à tout un chacun de s'en informer. Libye fait le portrait d'un pays bien différent de celui des médias et des réseaux sociaux. Il montre la Libye des Libyens, celle des files d'attente devant les banques en quête d'un argent dévalué. La Libye de ceux qui ont combattu le régime de Kadhafi et qui maintenant regrettent une époque où, au moins, ils se sentaient en sécurité et ne manquaient pas d'argent, d'électricité ou d'essence. La Libye des personnes âgées ayant traversé des années de dictature et qui aujourd'hui continuent à surveiller leurs arrières. La Libye des mères attendant à leur fenêtre leurs enfants qui ne reviendront pas. Ou encore la Libye des gens ordinaires en proie à une terreur quotidienne, soumises au chantages des milices, faisant face à des abus et des enlèvements.
Les paroles de Francesca Mannocchi et les dessins de Gianluca Costantini ne cessent d'interroger notre propre sens moral. Aussi terrible soit-elle, l'histoire qu'ils racontent laisse malgré tout filtrer quelques notes d'espoir.
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Peter Hickey, retraité, a trois passions : Dieu, les oiseaux et les enfants. Mais cet ornithologue amateur souffre de ce qu'on pourrait appeler "le syndrome du Saint" et il se voit fusionner avec le Tout-Puissant et sa création ; cependant, si le Dieu qu'il invoque lui reste muet, les oiseaux n'hésitent pas à l'insulter et lui reprochent ouvertement son attirance inadaptée envers les enfants. Peter, lui, est dans le déni total, affirmant " être aux pédophiles ce que les ornithologues sont aux chasseurs ".
Sa vie, tout entière solitude et évitement, éclate en morceaux le jour où Mortimer, son meilleur ami, est arrêté pour trafic d'images à caractère pédophile. Dans Le Goût des oiseaux, Francisco Sousa Lobo aborde la pédophilie avec intelligence, chaque touche, comme l'écrit LL de Mars, " nous faisant lentement approcher la psyché de la figure centrale [... ] de manière à produire, très finement, plus de questionnement et de trouble que de réponses ; ce sont les mouvements de fond des représentations de l'enfance chez l'adulte qui sont décortiqués, exposés à la lumière de désirs informulables, conduits dans de beaux couloirs métaphoriques, plutôt que la lecture factuelle d'une criminalité sexuelle tangible ".
Récit aux tons poétiques et mélancoliques, ponctué de silences et de décalages subtils entre texte et images, Le Goût des oiseaux laisse s'exprimer l'extraordinaire talent narratif de Francisco Sousa Lobo.
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L'humoriste Benjamín Castano est dans le creux de la vague : à peine largué, fraîchement chômeur, il est également en passe d'être expulsé par son propriétaire. Comme si cela ne suffisait pas, des fantômes de son passé ressurgissent et le voici poursuivi nuit et jour par un drôle de personnage accoutré d'une queue-de-pie et d'un haut-de-forme. C'est en réalité l'employé d'un créancier auprès duquel Castano a contracté une lourde dette, venant lui rappeler en lui criant dans les oreilles son statut et s'assurant qu'il est bien à la recherche d'un emploi.
La dégringolade s'accentue encore tandis que sa mère meurt et qu'il est contraint de retourner dans son village natal. Un retour aux sources et des retrouvailles qui seront peut-être salvateurs, à moins que le sort ne continue de s'acharner contre lui. Les péripéties de Benjamín Castano effleurent sans cesse la fine frontière entre la tragédie et la comédie.
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Durant l'été 2017, Fabian Göranson a fait le tour de l'Europe en compagnie de son ami Daniel Berg, désireux de comprendre, au plus près des populations, pourquoi tout un continent semble s'effondrer sous le double poids de la crise migratoire et du chômage grandissant, et pourquoi il se révèle impuissant face à la montée du racisme et de la xénophobie, portés par des mouvements fascisants. De Stockholm à Berlin, de Bruxelles à Nantes ou encore de Marseille à Gênes, le voyageur va à la rencontre d'artistes et d'activistes, de chercheurs et de journalistes, sans jamais oublier de s'immerger dans le flot vital qui parcourt le continent. À Belgrade, il découvre une singulière collection de bâtons témoins ; il a la gueule de bois à Budapest et fait une crise de panique à Rome; à Varsovie, il se retrouve au milieu d'une manifestation violente... Étape après étape, à force d'observation, d'écoute et d'interrogations, Göranson dresse un portait sans fard d'un continent coincé entre un héritage historique lourd à porter et un avenir qui se resserre. Honnête et lucide, mais aussi poétique et ironique, Un rêve d'Europe ébranle nos idées reçues et nos certitudes. Il invite à une remise en question globale sur l'Europe, aujourd'hui plus que jamais nécessaire.
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Conxita, la vingtaine, dernière représentante de toute une génération de Conxitas, navigue entre Madrid et Barcelone. Véritable « boule de nerfs » selon sa mère, elle affronte les événements du quotidien avec un grand courage. Ancienne étudiante des Beaux-Arts, elle dessine ses moindres péripéties, depuis son appartement qu'elle partage avec une fille qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, son ménage, son ordinateur, ses rêves d'ailleurs, ses évasions à la plage, ses conversations téléphoniques avec ses amis, jusqu'à ses rencontres plus ou moins heureuses. Dans ce récit autobiographique en dix-sept courts tableaux, Conxita Herrero bouscule les idées reçues sur le passage à la vie d'adulte. Dans un style minimaliste et rigoureux, elle se joue des antagonismes et mêle inertie et mouvement, cases muettes et dialogues intimistes et mystérieux, lignes dépouillées et couleurs pures. Elle use également de figures géométriques - cercles et carrés - à l'aide de plans audacieux qui défient les perspectives. S'affranchissant du « souci de vérité » propre à l'autobiographie, l'auteure évacue tout sentimentalisme et fournit à ses décors et à ses personnages aux traits ébauchés une dimension étrange et fascinante oscillant entre réel et onirisme.
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Une étoile tranquille : Portrait sentimental de Primo Levi
Pietro Scarnera
- Rackham
- 24 Novembre 2015
- 9782878271911
Le matin du 19 octobre 1945, Primo Levi revient à Turin, sa ville natale, après un an passé dans le camp d'Auschwitz et un long périple à travers toute l'Europe de l'Est. Levi était alors un jeune homme de 26 ans qui rentrait chez lui « bouffi, barbu et en haillons », habité par un besoin presque physique de raconter. Deux ans plus tard, il publiera Si c'est un homme et, en 1963 La Trêve, les témoignages les plus poignants jamais écrits sur l'univers concentration-naire.
Cinquante ans plus tard, ce sont deux jeunes gens qui se rendent à Turin pour suivre la trace de Levi, et en recueillir l'héritage moral tout en brossant son portrait d'homme et d'écrivain.
Entre biographie et fiction, la bande dessinée de Pietro Scarnera se nourrit des photos et docu-ments d'époque et se déroule suivant les anecdotes reportés par Levi lui-même ; elle trace son parcours d'écrivain depuis « Si c'est un homme » et jusqu'à « Les naufragés et les rescapés », pour s'arrêter un instant avant ce matin d'avril 1987 où Levi a mis fin à ses jours.
Restituant en plein la complexe personnalité de Primo Levi, Une étoile tranquille est une invitation à découvrir ou redécouvrir une des oeuvres les plus emblématiques de la littérature du XXe siècle.
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Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journe es a e couter de la musique et tout re cemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son pe re, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pe res ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu diffe rentes, car Maria est autiste.
En 2007, Miguel Gallardo re alisait Maria et moi, la bande dessine e ou il de crivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succe s formidable : il a e te traduit en neuf langues et adap-te au cine ma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barce-lone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.
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Breccia ; conversations avec Juan Sasturain
Alberto Breccia, Juan Sasturain
- Rackham
- 22 Novembre 2019
- 9782878272314
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Armando déteste le travail, les vendredis, et surtout les autres. Rien de plus normal, en somme. Cette existence vouée à la misanthropie bascule soudainement le jour où, à la supérette du coin, il tombe sur un homme en pleine transe catatonique, en train de psalmodier une unique et mystérieuse phrase. Ensorcelé par ces mots, Armando se lance dans la quête effrénée et bientôt obsessionnelle de leur signification.
Sur son chemin, des bizarreries : romans russes, hectolitres de bière, thèses conspirationnistes, doutes métaphysiques ou encore apparitions de totems à base de chewing-gum goût fraise. En fin de course, une révélation : l'important n'est pas de savoir ce qu'est " le sang des autres ", mais comment continuer à vivre après l'avoir découvert. Sergi Puyol, dans une ambiance digne de The Twilight Zone, livre un thriller aux multiples rebondissements, entre réalisme et fantastique.
L'occasion de mener une réflexion pertinente sur l'emprise hypnotique des mots et l'intensité de nos obsessions.
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Abîmée par une longue relation sentimentale, une jeune femme décide de renouer avec sa sexualité et de faire de nouvelles rencontres. Son sésame : une application qui lui permet de contacter des inconnus directement depuis son smartphone pour partager, le temps d'une nuit, des instants de plaisir. Ses débuts sont hésitants, oscillant entre amusement, déception, voire ennui que ces rencontres lui procurent. Tandis qu'elle doit faire face au jugement de son père et à l'obstination de ses amis qui l'encouragent à se trouver un petit ami, la jeune femme cache sa fragilité derrière des comportements décomplexés et destructeurs.
Peu à peu, contre toute attente, elle parvient à recouvrer l'estime d'ellemême et à s'ouvrir à des relations plus profondes et sincères, constatant que la quête d'une simple entente sexuelle peut conduire à une lente exploration et appréhension de soi et de l'autre. Au carrefour de la fiction, de l'autobiographie et de la critique sociale, Je ne te connais pas de Cristina Portolano ébranle tout stéréotype ou moralisme facile sur le sujet en l'explorant avec légèreté, mais loin de toute superficialité. Adoptant un point de vue féminin, elle revendique la sexualité en en faisant un élément incontournable de la construction de soi et retrace avec une grande précision les plaisirs et les difficultés menant à la connaissance de l'autre.