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Inculte
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Moscou, années 1930, le stalinisme est tout puissant, l'austérité ronge la vie et les âmes, les artistes sont devenus serviles et l'athéisme est proclamé par l'État. C'est dans ce contexte que le diable décide d'apparaître et de semer la pagaille bouleversant les notions de bien, de mal, de vrai, de faux, jusqu'à rendre fou ceux qu'il croise. Chef-d'oeuvre de la littérature russe, «Le Maître et Marguerite» dénonce dans un rire féroce les pouvoirs autoritaires, les veules qui s'en accommodent, les artistes complaisants, l'absence imbécile de doute. André Markowicz, qui en retraduisant les oeuvres de Fiodor Dostoïevski leur a rendu toute leur force, s'attaque à un monument littéraire et nous restitue sa cruauté première, son souffle romanesque, son universalité.
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" Et si une ville était la somme de toutes les villes qu'elle a été depuis sa fondation, avec en prime, errant parmi ses ruelles, cachés sous les porches de ses églises, ivres morts ou défoncés derrière ses bars, les spectres inquiets ayant pris part à sa chute et son déclin ? Il semblerait que toute une humanité déchue se soit donné rendez-vous dans le monumental roman d'Alan Moore, dont le titre - Jérusalem - devrait suffire à convaincre le lecteur qu'il a pour décor un Northampton plus grand et moins quotidien que celui où vit l'auteur. Partant du principe que chaque vie est une entité immortelle, chaque instant humain, aussi humble soit-il, une partie vitale de l'existence, et chaque communauté une cité éternelle, Alan Moore a conçu un récit-monde où le moindre geste, la moindre pensée, laissent une trace vivante, une empreinte mobile que chacun peut percevoir à mesure que les temps semblent se convulser. Il transforme la ville de Northampton en creuset originel, dans lequel il plonge les brûlants destins de ses nombreux personnages. Qu'il s'agisse d'une artiste peintre sujette aux visions, de son frère par deux fois mort et ressuscité, d'un peintre de cathédrale qui voit les fresques s'animer et lui délivrer un puissant message, d'une métisse défoncée au crack qui parle à la braise de sa cigarette comme à un démon, d'un moine du IXe siècle chargé d'apporter une relique au « centre du monde », d'un sans-abri errant dans les limbes de la ville, d'un esclave affranchi en quête de sainteté, d'un poète tari et dipsomane, tous sentent que sous la fine et fragile pellicule des choses, qui déjà se fissure, tremblent et se lèvent des foules d'entités. Des anges ? Des démons ? Roman de la démesure et du cruellement humain, Jérusalem est une expérience chamanique au coeur de nos mémoires et de nos aspirations. Entre la gloire et la boue coule une voix protéiforme, celle du barde Moore, au plus haut de son art." Claro
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La très mirifique et déchirante histoire de l'homme qui inventa le livre de poche
Rolf Potts
- INCULTE
- 7 Octobre 2020
- 9782360840502
Lorsqu'Emanuel Haldeman-Julius se noie dans la piscine de son jardin le 31 juillet 1951, il est perçu comme un homme fini. Accusé de communisme par la presse américaine et mis sous surveillance par le FBI de J. Edgar Hoover, il vient de perdre un procès pour évasion fiscale et risque la prison. Compte tenu de l'atmosphère qui prévalait en ces temps de guerre froide, on murmura dans les cours d'écoles qu'Haldeman-Julius avait été assassiné car il était un espion soviétique ; les adultes, quant à eux, tablaient sur un suicide - quoique le seul mot qu'il eût laissé fût une mauvaise blague à l'attention de sa femme. Une fin étrange pour un homme qui, en seulement trente ans, était devenu l'un des éditeurs les plus prolifiques de l'histoire des États-Unis, diffusant environ 300 millions d'exemplaires de ses «?Petits livres bleus?» aux lecteurs américains des classes ouvrière et moyenne. Vendus au prix modique de 5 cents et conçus pour tenir dans une poche de pantalon.
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Le Docteur Hoffman, un mystérieux savant fou, « attaque » la réalité d'une ville d'Amérique du Sud en y créant des illusions. Etrangement, au milieu du chaos et de la confusion qui règnent, Desiderio est le seul être insensible aux illusions déployées par l'infâme docteur. Non pas qu'il ne les voie pas, mais il y est profondément indifférent, comme en réalité à toutes choses. Tombé amoureux, en rêve, de la fille du docteur Hoffman, ce héros maussade reçoit pour mission de remonter la trace du docteur afin de sauver la ville, et, ce faisant, s'embarque dans un voyage picaresque qui lui fera rencontrer des centaures, des peuplades plus ou moins barbares, avant de devenir membre d'une troupe de carnaval itinérante puis d'intégrer la suite d'un comte lituanien et d'échapper de peu à des cannibales.
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«Le Dit de l'Ost d'Igor», qui est le plus vieux poème russe (il date de la fin du XIIe siècle), est une oeuvre malchanceuse. Malchanceuse, parce qu'on n'en a trouvé qu'une copie, publiée à la fin du XVIIIe siècle, et que cette copie a brûlé en 1812 dans l'incendie de Moscou. Et que, très vite, son éditeur, le comte Moussine-Pouchkine a été soupçonné de forgerie et accusé d'avoir imité Macpherson, qui avait inventé le barde national de l'Ecosse, Ossian... Aujourd'hui, deux siècles de recherches, de traductions et d'études, ont établi l'authenticité de cette oeuvre, réellement unique : le récit d'un désastre, de l'expédition d'un prince russe, Igor, contre un peuple des steppes, les Polovtsiens - de sa défaite, de sa captivité et de sa fuite, de son retour chez lui. Et l'oeuvre elle-même, comme un soleil noir, traverse toute l'histoire russe, toute la littérature : innombrables, depuis Joukovski et Pouchkine et jusqu'à Mandelstam sont les poètes qui s'en sont inspirés, la traduisent ou la citent.
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« Parce que la belle Delores est partie avec une autre, une serveuse de l'East Village se balade avec un flingue et une furieuse envie de s'en servir. Commence alors une errance douloureuse et grinçante dans le New York de l'homosexualité feminine... Noir et violent comme un parfait polar, tendre et rose comme une histoire d'amour, il réussit le tour de force d'expulser les hommes d'une ville, d'un genre littéraire et de l'imaginaire du lecteur... Premier polar lesbien, cette fleur scandaleuse est bien autre chose qu'une curiosa, elle est une nouvelle et magistrale manière de décliner l'éternité de l'amour et de la douleur ». Patrick Raynal
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Mordew est le premier volume d'une trilogie (Cities of the Weft) pouvant s'apparenter, à première vue, à de la « dark fantasy ». Ce roman ambitieux narre les aventures d'un jeune garçon, Nathan Treeves, né dans les bas-fonds de l'énigmatique Mordew, qui se découvre d'étranges pouvoirs (dont celui de la Foudre, sorte d'étincelle qui jaillit de lui quand il sort de ses gonds et peut réduire en cendres tout ce qui s'interpose). Sorte d'anti-Harry Potter, le jeune Nathan, qui au début du roman, tente de sauver son père souffrant d'une horrible maladie, va se lier d'amitié avec une bande de jeunes voleurs planquant dans les égouts avant de retourner - apparemment - sa veste et de conclure un accord avec « le Maître », sorte de démiurge faussement philanthrope qui règne sans partage sur Mordew.
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Baltimore, 1985. La ville, déjà ravagée par la misère sociale et la corruption politique, est devenue la plaque tournante du commerce d'héroïne de la côte Est américaine. Dans les rues de Baltimore Ouest, un nom est sur toutes les lèvres : Melvin Williams, dit « Little Melvin ». Son ombre dégingandée plane sur toute la ville, tandis que policiers et juges tentent à tout prix de coincer celui qui est soupçonné d'être le parrain de la ville et le plus gros importateur de poudre blanche de l'époque. Un jeune journaliste du Baltimore Sun, David Simon, passera plus de trois ans à interviewer Little Melvin, depuis sa cellule de prison ou après sa sortie. Dans «Easy Money», texte inédit et matrice de sa série «The Wire», David Simon décrit avec ferveur et détails l'état de déliquescence sociale de l'Amérique de Reagan, la ségrégation raciale omniprésente et les rouages du trafic de drogue à travers une de ses figures les plus ambiguës. Un document exceptionnel.
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Sur les routes d'Espagne et du Portugal, un poète roumain roule à bord d'une voiture volée et cherche un sens à sa vie, ballotté entre deux obsessions, l'une pour les grands écrivains suicidés, l'autre pour une femme, la mystérieuse Iris, dans l'espoir d'arriver à écrire en une nuit le livre ultime.
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Après London Orbital, publié chez inculte en 2012 (Babel 2016), consacré à l'autoroute circulaire construite par Margaret Thatcher autour de Londres, le romancier britannique salué par Will Self, Alan Moore ou J. G. Ballard, revient pour un deuxième livre, London Overground.
Cette fois, Sinclair explore sans relâche une nouvelle ligne de métro ouverte en 2010 par le maire conservateur de Londres, Boris Johnson. La méthode Sinclair est implacable : cerner le réel et réduire la focale jusqu'à ce que des formes nouvelles apparaissent.
Un chef-d'oeuvre littéraire, une balade discursive explorant tous les mythes anglais et la construction d'un inconscient collectif.
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Anti-héros à la Jim Thompson, le shérif Branches est un fervent partisan de l'ordre doublé d'un époux fidèle. Mais derrière l'homme de loi et sa foi dans les valeurs de l'Amérique redneck se cache un personnage complexe, habité par la violence et porté par ses pulsions meurtrières. Mitch Cullin - auteur, notamment, de «Tideland, »adapté sur grand écran par Terry Gilliam - livre un oppressant roman noir en vers libres, unanimement salué par la critique à sa sortie aux Etats-Unis.
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New York, 1967. Alors que le Summer of Love de la côte Ouest des USA, avec ses drogues hallucinogènes et ses communautés flower power continue à se bercer d'illusions, la réalité urbaine new-yorkaise est tout autre : Manhattan est balayée par une épidémie d'héroïnomanie qui touche toutes les classes sociales. À Sherman Square, baptisé par les junkies le « parc aux seringues » (Needle Park), Bobby lutte pour se payer ses doses, à force de rapines, prostitution ou petits boulots.
Il rencontre Helen, une jeune étudiante bohème dont il tombe follement amoureux... Bobby va vite initier Helen à l'héroïne et à son quotidien de galère. Mais dans les rues froides de New York, un drame se noue : une pénurie de drogue sans précédent. «Panique à Needle Park», porté à l'écran par Jerry Schatzberg avec Al Pacino dans le rôle de Bobby, est le récit de la chute éperdue de ces deux jeunes amants idéalistes, de l'inexorable pourrissement de leur histoire d'amour dans l'enfer de la toxicomanie.
James Mills, auteur du roman original, inédit en français, signe ici un texte fort et poignant, instantané d'une époque pas si lointaine, l'héroïne revenant en force depuis deux ans dans le paysage urbain américain.
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Dans un monde post-apocalyptique, dominé par les «yakuza», l'humanité s'éteint peu à peu, victime du cancer noir provoqué par les rayons d'un soleil maudit. Les riches vivent désormais sous terre, réfugiés dans les bunkers d'«Underwater». Pour le bon plaisir de la «yakuza», on élève des sirènes destinées à être consommées sous forme de viande de mer. Mais dans ce monde qui se divise désormais entre ceux qui meurent et ceux qui jouissent, Samuel, simple surveillant dans un bassin d'élevage, se laisse un jour tenter par le plus dangereux des plaisirs : il s'unit à une sirène femelle. Ainsi naît Mia, mi-sirène, mi-humaine, un être hybride porteur, peut-être, d'un nouvel espoir.
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Maggie Terry sort d'une cure de desintox pendant laquelle elle a tout perdu : sa compagne, partie avec sa fille, son boulot de flic au NYPD et beaucoup de ses illusions. Elle trouve un job de détective privé et dès son premier jour on lui confie une enquête sur le meurtre d'une jeune actrice. Mais Maggie ne s'est pas débarrassée de ses démons, alcool et drogue, et dans la chaleur étouffante de cet été New-Yorkais, quête rédemptrice et enquête se mêlent.
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Après «Les Instructions», un premier roman très remarqué et publié par inculte en 2012, «Bubblegum» est le second roman d'Adam Levin, un auteur américain né à Chicago. «Bubblegum» renoue avec les qualités qui ont fait «des Instructions» un roman tonique, fourmillant d'idées, débordant d'une langue à la fois argotique et très tenue, dépeignant des anti-héros attachants, rendant des batailles de rues entre enfants comme des champs de guerre napoléoniens - toujours avec distance, humour et affection. Organisé en cinq grandes parties, «Bubblegum» s'attache à suivre Belt Magnet, écrivain quadragénaire d'un seul roman, vivant auprès de son père invalide. Dans la tradition des postmodernes américains comme David Foster Wallace ou Jonathan Safran Foer, auxquels Adam Levin a été souvent comparé, l'auteur alterne les formes de narration -scénario, lettres, cut-up, monologue, listes, publicités- tout comme les niveaux de langage. Il tord la langue en y injectant sans cesse un slang enfantin qui déconstruit les expressions toutes faites de la novlangue de l'entreprise. Loin d'être un simple exercice de style - l'auteur y fait preuve d'une étonnante maîtrise à chaque page -, «Bubblegum» est avant tout un grand roman américain : moderne, rapide, englobant, mythologique et désespérément drôle.
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Inspiré par les voyages surréalistes de cet « homme aux millions de mensonges » qu'est Marco Polo, «Les Villes Imaginaires», premier récit de l'Anglais Darran Anderson, plonge dans les rapports complexes entre les métropoles et l'imagination populaire. Le livre traverse le temps, l'espace et les possibilités fictionnelles, cartographiant les sons, la mélancolie, les rêves et l'au-delà des villes. Voyages opiacés, longues dérives aquatiques, hallucinations de prisonniers entassés dans des prisons logées dans les nuages, décadence de la vie nocturne, gratte-ciel post-soviétiques sans fin, golems errant dans les ruelles, civilisations souterraines, prophéties apocalyptiques, visions architecturales à la Buckminster Fuller... ce livre unique en son genre qui alterne utopies et dystopies, exploration urbaine et résistance sociale, reprend le grand slogan de Mai 68 là où les contemporains de Debord l'avaient laissé : « Sous les pavés, la plage. » Dans cette démarche qui dépasse les oeuvres psychogéographiques d'Alan Moore, Will Self ou Iain Sinclair, Darran Anderson réinvente l'histoire urbaine et notre relation à l'endroit où nous vivons. Il s'inscrit ainsi dans la lignée de Borgès, d'Italo Calvino, Chris Marker et Kenneth White, plongeant du macrocosme au microcosme, collant aux rêves et aux aspirations des habitants de ces cités oniriques.
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« «Un homme seul est impuissant face au système, il ne peut que fuir »». Le poète Edgardo Caparano, drogué, alcoolique, vivant un insupportable quotidien dans la périphérie de Buenos Aires « lâche la rampe ». Il part, laissant derrière lui une ex-femme à qui il doit verser la moitié de son salaire et une fille, Mimi, la seule personne qui le raccroche encore à la vie. Filant vers le sud de l'Argentine, vers une pampa peuplée de marginaux hauts en couleur. En chemin, il rencontrera des héroïnomanes demeurés, un pilote du Paris Dakar et quelques autres spécimens de la marge argentine. Il finira hébergé au fin fond de la pampa, otage-esclave volontaire d'une ancienne nazie. Avec ce récit féroce, implacable, cruellement drôle, German Maggiori nous offre un road-trip dans la marginalité, une descente aux enfers picaresque, folle, sombre et lumineuse.
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« Je sentais que Londres, ma ville depuis plus de cinquante ans, était aspirée dans un vortex de vide. » C'est ainsi que Iain Sinclair, figure monumentale de la scène littéraire anglaise, résume la fin de sa trilogie londonienne, «Quitter Londres». Après deux livres salués par la critique internationale, «London» «Orbital» et «London Overground» (tous deux parus chez inculte, puis réédités en poche chez Babel/Actes Sud), «Quitter Londres» plonge dans la magie d'une ville et de son fleuve, la Tamise, à travers les dérives de son auteur, psychogéographe génial et documentaliste érudit d'une ville qui disparaît petit à petit. Avec Iain Sinclair, les fantômes des murs ancestraux de la ville se mettent à chuchoter à nos oreilles, des rencontres inattendues se font à chaque coin de rue, toutes les pierres racontent ce qu'elles ont vu ou vécu depuis des siècles, les hélicoptères et les caméras de vidéosurveillance témoignent face à l'auteur. Sinclair est le grand barde de Londres, celui qui en révèle tous les secrets, les mythes et les légendes, fait revivre sous sa plume ses figures littéraires, politiques, anecdotiques. Sinclair est notre guide dans ce labyrinthe londonien, vertical et horizontal, temporel et spatial, à la manière de son très proche ami Alan Moore et son «Jérusalem» (inculte, 2017).
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Considéré comme le plus grand écrivain de langue croate, Miroslav Krleza a publié en 1938 ce chef d'oeuvre politique et allégorique de la montée des totalitarismes en Europe. C'est dans un pays imaginaire, la Blithuanie, que se concentrent l'absurdité et la violence du continent à l'aube de la 2ème Guerre mondiale. Le peuple blithuanien a confié son sort à un despote caractériel et sanguin, héros national et populiste. Ce Hitler est-européen va voir une résistance monter contre lui en la personne d'un démocrate, le docteur Nielsen...
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«Bas de Casse» nous conte la fin d'une petite imprimerie privée dans les années 1970 en RDA, à travers le portrait de ses quatre employés : Manfred, l'imprimeur qui parle aux machines, Fritz, le roi de la linotype, Willi, le vieux taciturne et la narratrice, pas douée pour le métier que Fritz surnomme « Puppi, l'éléphante pompette et manchote ». Les destins de ces quatre personnages se croisent dans ce lieu de travail qui n'a rien d'anodin. C'est un monde qui s'achève, celui de l'imprimerie à l'ancienne, dans un pays qui tient tout ce qui a trait à la chose imprimée d'un oeil méfiant. Savant mélange d'humour, de tendresse et de mélancolie, ce roman sert magistralement la description d'un métier et d'un milieu disparus. «Bas de casse» s'attache à des personnages désaxés, laissés pour compte, voire borderline, des marginaux qui ne trouvent pas leur place dans une société fermée, celle de l'Allemagne du mur. Des égarés qui se révoltent discrètement, sourdement, contre leur quotidien.
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A la mort d'Harry, l'homme qu'elle aimait, Soja, Berlinoise de l'est récemment passée à l'ouest, découvre un cahier renfermant 89 phrases. Le journal de son amant. Soja, 39 ans, a fui Berlin-Est, survécu en faisant des petits boulots et un jour, rencontré un beau jeune homme paumé, taciturne, héroïnomane récemment sorti de prison. Soja tombe amoureuse immédiatement du jeune ombrageux. Elle l'héberge, le prend en charge, engage tout son temps, son amour et son argent pour l'aider à s'en sortir et le soutient dans sa thérapie de désintoxication et resocialisation. Malgré son aide, il replonge dans la drogue, son état se dégrade rapidement et c'est finalement dans son agonie que Soja l'accompagne, pratiquement jusqu'à sa mort. Leur histoire aura duré trois ans. Vilains Moutons est une longue lettre que Soja adresse à son amant après sa mort. Si elle essaie de comprendre cet amour fou qu'elle a éprouvé pour Harry, elle tâche surtout de comprendre pourquoi elle n'est mentionnée dans aucune des 89 phrases qui constituent le journal intime de l'homme qu'elle aimait tant. S'est-elle trompée, a-t-elle été aveugle ? S'est-elle donnée tout entière à un homme qui ne l'aimait pas ? La question est ouverte, et finalement la réponse importe peu à Soja, car Harry est l'homme qu'il lui fallait pour donner un sens à sa vie.
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Dans la « Maison noire », Gretch Gravey rassemble des adolescents mâles, dont il fait des disciples consentants, prêts à l'aider à accomplir son grand dessein : Darrel, la voix qui parle en et par Gravey, veut que toute la population américaine disparaisse, et ainsi il pourra advenir. Les garçons l'aident à kidnapper des femmes du voisinage qu'ils tuent et enterrent au sous-sol. Butler nous livre un roman d'horreur fantasmagorique d'une exceptionnelle brutalité. Le livre annonce immédiatement son ambition puisqu'il peut être comparé au «2666» de Roberto Bolaño. Mais d'autres influences sont notables : les adolescents tueurs de Dennis Cooper, l'absurde Reggie Ledoux de True Detective ou encore les portraits de freaks d'Harmony Korine. «300 Millions» choque, stupéfie et dérange.
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Manchester, début des années 2000. Donna et Carla, filles du sud de la ville, amies depuis l'enfance, dirigent un gang composé exclusivement de femmes. Elles sont parvenues à s'établir malgré les hommes et à se faire une place et un nom dans les coins les plus mal famés de la ville. Contrairement aux hommes, Carla, Donna et leurs acolytes restent à l'écart des guerres de clans, font profil bas et prospèrent tranquillement du commerce de drogue vendue dans les toilettes des clubs de la ville dans des atomiseurs à parfum. Mais un jour, Carla est abattue pour avoir séduit la femme d'un membre d'un gang rival. Donna doit alors protéger Aurora, la fille de Carla, dix ans et une langue bien pendue, et ourdir une vengeance contre l'assassin.
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L'Occident a longtemps considéré la littérature japonaise comme l'expression d'une esthétique raffinée, d'un art de vivre délicat. Avec Terayama, la belle image de marque s'efface. Le vacarme des juke-boxes a remplacé le son grêle de la musique traditionnelle et l'éclat des néons fait oublier celui des cerisiers en fleurs. Prisonniers de leur destin misérable, conditionnés par un environnement envahissant, les héros de Terayama apparaissent dans leur nudité, leur quasi nullité. Que ce soit le garçon coiffeur qui cherche dans la boxe un remède à son bégaiement, l'homme d'affaire condamné au plaisir solitaire dans les salles obscures, le vieillard kleptomane à qui l'on propose un suicide spectaculaire, tous obéissent à la nécessité de vivre dans le paysage chaotique de la ville, dans un désert de pierre où, pourtant, se multiplient les marques de la civilisation.