La réédition d'une oeuvre majeure de la philosophie du XXe siècle Hannah Arendt est un des grands noms du catalogue Calmann-Lévy, et Condition de l'homme moderne , incontestablement, son livre le plus fondamental.
Ce livre rappelle avec force que la vraie liberté politique n'est pas la retraite paisible dans la sphère de la vie privée, si précieuse soit-elle, mais aussi et d'abord l'action publique menée avec des égaux et reposant sur des choix individuels. Examinant les concepts de travail, d'oeuvre et d'action, Hannah Arendt nous parle du règne de la nécessité, de la capacité de création et de la révélation de l'homme dans la parole et dans l'action. Se fondant sur la philosophie grecque, elle étudie les questions majeures de notre temps : la réhabilitation de l'action politique individuelle, les limites de toute souveraineté, les périls mortels du déterminisme historique et social, la fragilité de la liberté, le caractère imprévisible de l'histoire des hommes.
Cette réédition de l'oeuvre philosophique phare d'Hannah Arendt est précédée d'une importante préface de Paul Ricoeur, immense figure intellectuelle française qui a marqué les esprits avec cette préface datant de 1986.
Et pour raccrocher Condition de l'homme moderne à notre époque, et démontrer à quel point les questions de l'engagement politique et de la fragilité de la liberté sont toujours tout autant d'actualité, Laure Adler, auteur de Dans les pas de Hannah Arendt (Gallimard, 2005) et experte de Arendt, nous proposera un avant-propos inédit.
Dans la Bay Area en Californie, dans les laboratoires du Parti communiste à Pékin, on développe des technologies qui changent nos vies et font peser une menace sur la démocratie.
Les entreprises du capitalisme de surveillance savent tout de nous. Grâce aux prédictions sur nos comportements futurs, elles orientent nos choix.
L'infrastructure des plateformes numériques et des réseaux sociaux remplace les institutions politiques. C'est une matrice invisible. Dans l'ancien monde, nul n'était censé ignorer les lois. Désormais, les sociétés technologiques se substituent aux parlements, à la justice, aux organes de régulation, et elles imposent leur système. Code is law.
La perte de contrôle technologique est l'une des pires menaces qu'affronte l'humanité. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Ce livre est le récit d'un combat. La défense de la démocratie suppose une révolution de nos modes de pensée et d'action et une refondation du secteur des médias.
Christophe Deloire raconte de l'intérieur la mobilisation de prix Nobel, de chefs d'État et des plus grands experts.
Et si la remise en question des genres n'était pas la catastrophe annoncée par certains ? Et si elle ouvrait un nouvel espace d'épanouissement possible ?
Egalité des sexes, refus de la puissance patriarcale, fluidité des rôles, décloisonnement des sexualités font aujourd'hui surgir des trajectoires singulières et inédites. Entre le masculin et le féminin, ces deux piliers jusqu'ici considérés comme inébranlables, l'idée même de la dualité et de l'opposition semble s'effacer. Homme ou femme, hétéro ou homo, cisgenre ou transgenre, la construction de l'identité devient une invention de soi, une création personnelle qui se joue des normes et des prescriptions.
Dans Transitions, comme dans le cabinet de Serge Hefez, on rencontre des mamans autoritaires, des papas poules, des couples qui réinventent leur complémentarité conjugale, des adolescents heureux dans une identité sexuelle flottante, ou en quête de leur identité de genre.
Nourri de l'écoute de ses patients, il analyse en profondeur cet ébranlement anthropologique et montre que la dichotomie masculin/féminin ne suffit plus à organiser nos pensées, nos trajectoires, nos identités.
Hannah arendt propose une réflexion générale sur le politique, à travers ses concepts fondamentaux.
Elle étudie le rôle du mensonge et des techniques d'intoxication, et la manière de les combattre. elle développe sa réflexion sur la notion de violence, sur les relations entre une structure étatique et les formes de contestation qui peuvent s'y opposer : la désobéissance civile, dont elle montre le développement aux etats-unis, et son importance à côté des voies classiques de recours et de contestation ; la violence des révoltes, dans les pays gouvernés par un régime totalitaire où se développe la bureaucratie.
Quatre textes majeurs, proposant des analyses qui s'appuient aussi bien sur la tradition philosophique que sur l'actualité de notre temps - y voisinent platon et un rapport du pentagone -, enracinent ainsi une réflexion brillante dans le terrain des préoccupations contemporaines.
Toute mère est sauvage. Sauvage en tant qu'elle fait serment, inconsciemment, de garder toujours en elle son enfant. De garder inaltéré le lien qui l'unit à son enfant dans cet espace matriciel à laquelle elle-même, petite, fut livrée. Ce serment se perpétue ainsi, secrètement, de mères en filles et en fils, jusqu'à l'étouffement et parfois même le meurtre, si de la différence ne vient pas en ouvrir le cercle, et briser l'enchantement. C'est ce serment, que doit rompre l'enfant pour devenir lui-même, accéder à sa vérité, son désir. Le risque qu'il affronte, pour pouvoir aimer, c'est d'abandonner la mère à la mélancolie et de traverser la peur d'être lui-même abandonné.
Comment des individus exposés avec une violence particulière à cette sauvagerie s'en sortent-ils oe Pourquoi la parole et l'écoute psychanalytique peuvent elles ouvrir un nouvel espace de vie chez ces êtres menacés d'ensevelissement oe Née à Paris en 1964, philosophe et psychanalyste, Anne Dufourmantelle enseigne la philosophie à l'Ecole d'Architecture UP6 La Villette.Elle est l'auteur de La vocation prophétique de la philosophie (Ed.du Cerf).
En vingt ans, les réseaux sociaux ont imposé leurs modes d'accès à l'information et changé la nature du débat public.
Conçus au service de la publicité comportementale, leurs algorithmes enferment les individus dans des mondes étanches qui interdisent la confrontation des opinions contradictoires et renforcent les préjugés : la désinformation devient la règle, les discours de haine prospèrent et la polarisation politique s'accentue. Le Business de la haine montre que, plus encore que la haine ordinaire, c'est le mode de fonctionnement et le modèle économique des réseaux sociaux qui menacent la démocratie. Ce qui est désormais en péril, c'est la possibilité pour les citoyens de s'accorder sur les faits qui fondent leurs désaccords, et surtout de les résoudre selon un processus démocratique.
Jean-Louis Missika et Henri Verdier racontent cette crise et l'inscrivent dans la perspective de l'histoire des médias et de leur régulation depuis le XIXe siècle jusqu'à l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021. Ils proposent de construire l'espace public de la délibération démocratique comme un bien commun qu'aucun opérateur privé ou étatique ne pourra s'approprier. Ils tracent les lignes d'une authentique régulation et en appellent au courage politique pour imposer aux plateformes ce nécessaire contrôle démocratique.
Un virus a transformé nos vies et ébranlé nos sociétés. Il a dramatiquement aggravé la situation des plus fragiles (les jeunes, les personnes âgées, les femmes et les plus pauvres). Il nous a fait prendre conscience de ce que science et philosophie essayaient de nous enseigner : notre interdépendance vis-à-vis des autres membres de notre espèce et de toutes les composantes de la biosphère.
Ce livre, porteur d'espoir, est une invitation à passer à l'action, à faire ensemble ce que nous ne pourrions faire seuls. Et si nous apprenions à prendre soin de nous, des autres et de la planète ? Et si nous étions capables de repenser l'héritage d'Athènes et des Lumières (dont la démocratie, le débat, la citoyenneté et l'éducation) pour le rendre plus inclusif, plus écologique, plus à même de relever les défis des jeunes générations ?
En s'appuyant sur des initiatives existantes et sur les développements de l'intelligence collective et de l'intelligence artificielle, François Taddei nous invite à repenser le partage des connaissances, l'exercice de la citoyenneté et à inventer ensemble des futurs souhaitables.
« Je veux raconter mon histoire, mais ce sera aussi l'histoire des 61 millions d'enfants non scolarisés. Je veux qu'elle participe au mouvement qui donnera à chaque garçon et à chaque fille le droit d'aller à l'école. C'est un droit élémentaire pour eux » Malala Yousafzai.
Le 9 octobre 2012, dans le camion qui fait office de bus scolaire, Malala, 15 ans, reçoit d'un Taliban une balle dans la tête. Cette jeune Pakistanaise gêne les extrémistes religieux par son engagement pour l'éducation des filles, commencé alors qu'elle n'avait que onze ans. Par l'intermédiaire d'un blog qu'elle tenait sous pseudonyme, elle racontait le rétablissement de la Charia dans sa région, la fermeture de son école aux filles, sa soif intense de liberté. Elle sort peu à peu de l'anonymat : le New York Times lui consacre un webdocumentaire au moment d'affrontements dans la région entre l'armée pakistanaise et les Talibans. En 2011, Malala reçoit le Children's Peace Prize de la Fondation des droits de l'Enfant et le Prix national de la paix pakistanais. C'en est trop pour les Talibans, qui tentent de faire taire définitivement cette « pionnière de la défense de la laïcité et des Lumières ». En vain. Après de lourdes opérations, Malala est aujourd'hui saine et sauve et bien décidée à mettre sa notoriété au service d'un combat universel, qu'elle tient à expliquer à travers ce livre et la Fondation qui porte son nom.
Le magazine TIME l'a désignée comme l'une des cent personnalités les plus influentes du monde et lui a consacré sa Une. Elle est aujourd'hui la plus jeune personnalité nommée pour le prix Nobel de la Paix. « Les Talibans ont failli faire d'elle un martyre ; ils ont réussi à en faire un symbole. » Chelsea Clinton, TIME Magazine
Depuis plus de deux siècles, la France est une république. Pourtant, notre histoire n'a cessé de voir ressurgir les hommes providentiels, s'autoproclamant « sauveurs de la nation » : Napoléon I et III, Pétain, de Gaulle, sans même parler du général Boulanger ; des hommes ambitieux, issus du monde militaire, persuadés d'être investis de la mission de guider la nation dans son histoire, capables d'en persuader les autres, et entretenant avec le peuple une relation directe par-delà les institutions représentatives.
Dans La République et les sauveurs, Gérard Grunberg raconte l'histoire de ces hommes habités d'une ambition césarienne et explique comment leur figure s'est durablement installée dans notre culture politique comme dans la pratique de nos institutions.
Emmanuel Macron s'inscrit-il dans cette tradition politique ? Sommes-nous sortis de l'ère des sauveurs ? Les actuels leaders populistes sont-ils de nouveaux césars ?
30 mars 2014. Les résultats des derniers bureaux de vote sont tombés. Boris Ravignon, issu des rangs de l'UMP, vient de remporter la mairie de Charleville-Mézières. Au même moment, Didier Herbillon, socialiste, savoure sa réélection à Sedan. Peu avant minuit, les deux hommes s'appellent pour se féliciter. En apparence, tout les oppose ; pourtant, ils vont sceller un pacte.
Car les deux maires font face à un énorme défi : les Ardennes subissent un recul sans fin depuis les années 1970. Les industries sont parties, les villes se sont vidées, le chômage atteint des records, faisant de la région l'un des deux départements les plus pauvres de France, oubliés des politiques et des médias.
Ce livre se propose de raconter de l'intérieur le combat contre le déclin d'un territoire. C'est une chronique d'un quart de siècle d'initiatives locales dont les héros sont des chefs d'entreprise qui ne veulent pas mourir, des hommes politiques qui préfèrent s'unir pour être plus forts, des rockers aux ambitions folles.
En racontant l'histoire d'une région française particulièrement sinistrée, les auteurs signent une enquête qui se lit comme un roman, avec des personnages attachants et audacieux lancés dans une bataille titanesque : sauver les Ardennes.
Quoi de plus naturel que nos façons de vivre, que l'on considère la table, l'hygiène, la manière de se mettre au lit ou de se moucher oe Mais l'observation d'autres civilisations montre que notre comportement quotidien est le résultat d'un long processus d'apprentissage, suivi et perfectionné par les générations successives. Norbert Elias, en s'appuyant sur des sources aussi savoureuses que déroutantes, démontre que nos habitudes, nos moeurs peuvent être datées et appréciées sur une « échelle de civilisation ».
Du Moyen Age à nos jours, l'auteur décrit le polissage des différents groupes sociaux, le passage progressif d'une société hiérarchisée et cloisonnée à une société intégrée.
Repartant des notions de politesse et de civilité formées en France au sein de l'aristocratie de cour, Norbert Elias dénonce toute conception de la civilisation occidentale qui présenterait celle-ci comme l'expression de talents considérés comme supérieurs à ceux des autres.
La civilisation est un processus. Or, une phase essentielle de ce processus est achevée « à l'instant où la prise de conscience de la civilisation, où le sentiment de la supériorité de leur propre comportement et sa concrétisation au niveau de la science, de la technique et des arts commencent à gagner les nations de l'Occident ».
La Civilisation des moeurs est le livre qui peut nous permettre de penser un au-delà de cette phase d'achèvement, à partir de la thèse paradoxale que l'évolution des moeurs est l'invariant des sociétés occidentales modernes.
Norbert Elias (1897-1990) a fait des études de médecine, de psychologie et de philosophie en Allemagne. Il a été l'élève de Rickert, Husserl et Jaspers. Contraint de fuir l'Allemagne en 1933, il s'est réfugié en France avant de s'installer définitivement en Grande-Bretagne. La Civilisation des moeurs est le premier volet de son ouvrage fondamental : Le Processus de civilisation.
Un jour, j'ai dit : « Ils sont des milliers à dormir dehors. Quelqu'un pourrait habiter chez nous, peut-être ? » Et Fabrice a dit : « Oui, il faudra juste acheter un lit. » Et notre fils Marius a dit : « Faudra apprendre sa langue avant qu'il arrive. » Et son petit frère Noé a ajouté : « Faudra surtout lui apprendre à joueraux cartes, parce qu'on adore jouer aux cartes, nous ! » Pendant neuf mois, Émilie, Fabrice et leurs deux enfants ont accueilli dans leur appartement parisien Reza, un jeune Afghan qui a fui son pays en guerre à l'âge de douze ans. Ce journal lumineux retrace la formidable aventure de ces mois passés à se découvrir et à retrouver ce qu'on avait égaré en chemin : l'espoir et la fraternité.
Une Curie peut en cacher une autre, et si Marie, physicienne et chimiste double Prix Nobel, a inspiré le monde entier, ses filles Irène et Ève ont également eu des vies hautement romanesques.
Marie Curie est une combattante : malgré des débuts difficiles en Pologne occupée, avec une mère malade puis des études à Paris sans le sou, elle révolutionne la médecine et les recherches sur la radioactivité aux côtés de Pierre Curie. Mais si on connaît bien la scientifique, la femme et mère, aussi, est passionnante - et l'éducation qu'elle dispense à ses deux filles les mènera chacune vers un grand destin.
Irène suivra la voie scientifique de sa mère : Prix Nobel de chimie à son tour, c'est en femme engagée qu'elle prend part à la lutte pour les droits des femmes. Ève, sa cadette, choisit les lettres et la diplomatie : auteure du primé Madame Curie, elle côtoie les plus grands, des Roosevelt à Gandhi en passant par Churchill, et tient un rôle essentiel au sein des Forces françaises libres auprès de de Gaulle.
Claudine Monteil brosse le portrait de ces trois femmes aux destins fulgurants et complexes, dont le courage, l'intelligence et l'engagement ont contribué à bâtir leur siècle.
Vladimir Poutine reste une énigme. Que veut-il ? Affirmer son pouvoir personnel et celui de son clan, quel qu'en soit le prix, dans la lignée des autocrates qui se sont succédé au Kremlin depuis des siècles ? Restaurer la grandeur de son pays, en faisant la synthèse de l'histoire russe, des tsars aux Soviétiques ? Comment le petit lieutenant-colonel du KGB qu'il fut à la fin de la guerre froide a-t-il pu s'imposer ainsi au sommet de l'une des premières puissances du monde ? Qui est cet homme qui semble en permanence porter un masque ? Un politicien cynique et brutal, assoiffé de pouvoir et d'argent, ou un patriote sincère, attaché à défendre les intérêts de son pays ? Au fil d'une enquête rigoureuse, nourrie de rencontres inédites à Saint-Pétersbourg et à Moscou, Frédéric Pons brosse un portrait saisissant du maître du Kremlin : sa formation, ses rêves et ses ambitions, sa passion et sa maîtrise de nombreux sports, la diversité et la force de ses réseaux de pouvoir et d'influence, les étapes décisives de sa formidable ascension, qui alterne la brutalité et la séduction. Sans occulter les ambiguïtés de Poutine, Frédéric Pons rappelle aussi les erreurs commises par l'Occident, aujourd'hui pris de court pour ne pas avoir voulu comprendre les craintes et les aspirations de la Russie après la chute du communisme, un « mépris » qui explique en partie les blocages actuels.
En une centaine de lettres poétiques, scandaleuses, inspirantes, drôles, érotiques ou déchirantes, signées de personnages illustres de l'Égypte antique à nos jours, Simon Sebag Montefiore, émérite historien britannique, nous raconte l'histoire du monde et célèbre le pouvoir des mots.
De par sa dimension véritablement planétaire, la Seconde Guerre mondiale, le plus grand confl it de l'histoire par ses destructions, le nombre de ses victimes et les bouleversements provoqués dans l'ordonnancement du monde, a dominé le paysage mental de plusieurs générations d'êtres humains. Malgré l'extraordinaire profusion de livres, de films et de documentaires sur le sujet depuis presque soixante-dix ans, notre connaissance du conflit reste fragmentaire et souvent déformée par le prisme de l'« histoire officielle » propre à chaque nation. Antony Beevor, en déployant l'exceptionnel talent de conteur qui a fait de Stalingrad, de La Chute de Berlin et de D-Day des best-sellers internationaux, réunit ici les éléments disparates de la petite histoire pour composer la mosaïque de la Grande Histoire telle qu'elle ne nous est jamais apparue, chaque élément prenant la place qui lui revient réellement. Sur la base de documents anciens comme d'archives inédites, avec le style limpide et la compassion qui le caractérisent, Antony Beevor nous emmène de l'Atlantique Nord au Pacifique Sud, de la steppe sibérienne au désert de Lybie, de la jungle birmane à Berlin sous les bombes, des lambris dorés des chancelleries à Leningrad assiégé, sans rien nous épargner des horreurs de la guerre, qu'il s'agisse des Einsatzgruppen à l'arrière du front de l'Est, des prisonniers du goulag enrôlés de force dans des bataillons-suicides, ou des exactions sadiques perpétrées par l'armée impériale japonaise en Chine. En peignant cette fresque aux proportions proprement héroïques, Antony Beevor ne perd jamais de vue le destin individuel des militaires et des civils dont les vies furent broyées par les forces titanesques déchaînées par ce conflit, le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité.
Après la société de cour et la civilisation des moeurs, la dynamique de l'occident vient couronner l'oeuvre de norbert elias, le processus de civilisation.
L'auteur s'attache ici à démonter les mécanismes qui ont conduit les européens, sous l'influence déterminante de la france, à exercer un contrôle croissant sur leurs pulsions.
La démonstration de norbert elias se développe sur deux voies parallèles. la première suit le mouvement séculaire qui a mené de la dispersion féodale à la concentration étatique contemporaine, en passant par le stade ; crucial selon l'auteur ; de la monarchie absolue. la seconde suit le conflit politique déterminé par les tensions qui opposent et rassemblent les groupes sociaux, que ce soit dans la concurrence au sein des élites ou dans l'antagonisme entre élite et peuple. ces tensions, jointes à la multiplication des contacts sociaux, contraignent les individus à aiguiser leur perception de l'environnement politique et social, à éviter toute manifestation intempestive de leurs pulsions.
Norbert elias analyse donc le passage d'une société traditionnelle (soumise à une loi hétéronome) à une société complexe où la monopolisation, par l'etat, de la violence engage un mouvement d'autonomisation des normes, de prise en charge des individus par eux-mêmes. jusqu'à la réalisation de cette autonomie, jusqu'à ce que l'individu se donne lui-même sa propre loi, les hommes « sont, dans la meilleure des hypothèses, engagés dans le processus de la civilisation. jusque-là, force leur sera de répéter encore souvent : - la civilisation n'est pas encore achevée. elle est en train de se faire. » norbert elias (1897-1990) a fait des études de médecine, de psychologie et de philosophie dans différentes universités allemandes. il a été l'élève de rickert, husserl et jaspers. obligé de fuir l'allemagne en 1933, il s'est réfugié en france avant de s'installer définitivement en grande-bretagne. le processus de civilisation, dont la dynamique de l'occident est le dernier volet, est l'ouvrage majeur de norbert elias.
Le lever et le coucher Soleil, les splendeurs de Versailles, les raffinements de l'étiquette, les folles dépenses de l'aristoclratie, les bergeries de Marie-Antoinette... Tous ces traits que la conscience commune a retenus de la Cour de l'Ancien Régime, ne sont-ils que des anecdotes amusantes ou révèlent-ils l'essence d'une société ?Norbert Elias analyse avec rigueur la logique interne de la société de cour et, au-delà, de toutes les sociétés prérévolutionnaires. Il monte et démonte les règles du jeu social et la manière dont les joueurs individuels et collectifs s'en accommodent. Il retrace brillamment les origines et l'évolution d'un type de société dont la France a donné le modèle et où les élites se doivent, sous peine de sombrer, de poursuivre frénétiquement le prestige social ; où le roi assoit son pouvoir sur l'aménagement rationnel et subtil des rivalités ; où tous les acteurs sont pris dans un entrelacs infrangible de contraintes et pressions. C'est pour leur échapper que les hommes du temps ont créé des compensations imaginaires dont les pastorales du XVIIe siècle et les bergeries du XVIIIe sont les exemples les plus représentatifs.La Cour n'est donc pas seulement une curiosité de notre histoire, elle est une étape décisive dans la formation de l'homme moderne. Sans elle, on ne saurait comprendre les relations que nous entretenons aujourd'hui avec autrui, nous-mêmes et la nature.Ce livre fait suite à la Civilisation des moeurs et, comme lui, au-delà des anecdotes savoureuses et des analyses pertinentes, contribue puissamment à la compréhension l'aventure humaine.
La bibliographie sur la guerre d'Espagne est impressionnante. On pourrait se demander ce qu'un auteur, fût-il Antony Beevor, peut apporter de plus à notre connaissance de cette page de l'Histoire contemporaine qui nous paraît à la fois si lointaine et si familière. De fait, les soixante-dix ans qui ont passé depuis le pronunciamento de Franco ont eu le même effet sur les mémoires que l'anniversaire de la libération d'Auschwitz en janvier 2005 : les derniers survivants, muets jusque là par honte, par peur ou simplement par envie d'oublier, ont souhaité témoigner avant de disparaître, et bien des langues se sont déliées sur le tard.
Nombreux sont aussi les descendants de combattants des deux bords qui ont souhaité rendre justice à leurs parents et grands-parents en brisant les tabous et les non-dits (voir le débat sur les fosses communes), ce qui a apporté des éclairages nouveaux.. Plus important encore, l'ouverture des archives soviétiques sous Gorbatchev : Antony Beevor fait partie des quelques historiens occidentaux qui eurent l'intuition que cette glastnost ne durerait pas et qui se précipitèrent à Moscou dès 1990. Il vit son ardeur récompensée, car non seulement ses trouvailles éclairent bien des pans obscurs de la guerre d'Espagne (qui s''est jouée, pour une grande part, à Berlin et à Moscou), mais l'accès à ces archives fut rendu beaucoup plus difficile dans les années qui suivirent. Poutine, quant à lui, a refermé le coffre et jeté la clé.
Le résultat est un livre qui reconstitue le climat politique de l'époque de façon extrêmement vivante, tout en éclairant les causes culturelles, sociales, politiques et géopolitiques de ce qui fut une tragédie nationale en même temps qu'une « répétition générale » de la Deuxième Guerre Mondiale. La terreur rouge, la terreur blanche, les règlements de compte dans le camp républicain, les interventions étrangères, intéressées (les soviétiques et les nazis) et désintéressés (les brigades internationales), sont racontées avec rigueur, clarté et objectivité. C'est évidemment dans le récit des opérations militaires que Beevor est le meilleur. De ce point de vue, ce livre n'a rien à envier à son Stalingrad, par exemple.
Best-seller en Espagne, où il a été publié en septembre 2005, ce livre a de grandes chances de devenir un classique.
Le 17 septembre 1944, le général Kurt Student, créateur des forces aéroportées allemandes, entend le rugissement crescendo d'un grand nombre de moteurs d'avion. Il sort sur la terrasse de la villa qu'il occupe et qui domine le plat pays du sud des Pays-Bas pour regarder passer l'armada de Dakota et de planeurs qui convoient les 1re division parachutiste britannique et les 82e et 101e divisions aéroportées américaines. Ce n'est pas sans une pointe de jalousie qu'il contemple cette démonstration de force aéroportée.
Market Garden, le plan du maréchal Montgomery consistant à donner le coup de grâce à l'Allemagne nazie en capturant les ponts hollandais donnant accès à la Ruhr était audacieux. Mais avait-il la moindre chance de réussir ? Le prix à payer quand il s'avéra un échec fut effroyable, en particulier pour les Néerlandais qui avaient tout fait pour aider leurs libérateurs éphémères. Les représailles allemandes furent cruelles et sans pitié, et ce jusqu'à la fin de la guerre.
Quant à Arnhem et Nimègue, villes cartes-postales au coeur de l'Europe civilisée, elles se retrouvèrent, à l'arrêt des combats, dévastées et jonchées des cadavres d'innombrables jeunes soldats qui avaient payé de leur vie l'hubris de leur haut commandement.
En puisant dans une documentation prodigieuse et parfaitement maîtrisée composée pour beaucoup d'archives inexploitées hollandaises, britanniques, allemandes, américaines et polonaises, Antony Beevor nous fait vivre la terrible réalité d'une bataille dont le général Student lui-même prédit avec lucidité qu'elle donnerait à l'Allemagne sa « dernière victoire ».
Son récit implacable, qui alterne les gros plans et les vues d'ensemble, nous plonge au coeur même de la guerre, et rend hommage à des milliers de héros anonymes que l'Histoire a oubliés.
Paru en 1955, L'Opium des intellectuels est une condamnation sans appel de la crédulité teintée de mauvaise foi et du dogmatisme dans lesquels se drape l'intelligentsia française de l'époque. Raymond Aron interroge avec la plus süre probité intellectuelle l'évolution des mots "gauche", "révolution" et "prolétariat", ces mots qui appartiennent au mythe qu'il désacralise. Car, questionne Raymond Aron, comment accpeter l'attitude des intellectuels devenus impitoyables face aux défaillances des démocraties dites "bourgeoises", et pourtant si complaisants pour les crimes perpétrés par les démocraties "populaires", comment ne pas saisir l'absurdité des amalgames politico-idéologiques qui ne font qu'aliéner un peu plus des intellectuels en quête de religion, idolâtrant l'Histoire comme on idolâtre un dieuoe En rupture avec la famille dont il est originaire, Raymond Aron ne se livre pas pour autant à un règlement de compte stérile. Il propose une réflexion dépassionnée, un combat sans haine, invitant à le suivre "tous ceux qui refusent dans les luttes du Forum, le secret de la destination humaine".
« rester éveillé. le plus longtemps possible. lutter contre le sommeil. le calcul est simple. en une heure, je fabrique trente faux papiers. si je dors une heure, trente personnes mourront... » quand, à 17 ans, adolfo kaminsky devient l'expert en faux papiers de la résistance à paris, il ne sait pas encore qu'il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d'une vie. durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.
à travers son destin romanesque, et sous la plume de sa fille sarah, on plonge au coeur d'une histoire de clandestinité, d'engagement, de traque et de peur. en arrière-plan du récit de sa vie se dessine le spectre d'un siècle où s'affrontent sans merci pouvoirs politiques, haines raciales, idéologies et luttes des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. la résistance, l'émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d'israël, le soutien au fln, les luttes révolutionnaires d'amérique du sud, les guerres de décolonisation d'afrique, l'opposition aux dictateurs d'espagne, du portugal et de grèce, sont autant de combats pour lesquels il s'est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. s'il a rejoint des causes en apparence contradictoires, adolfo kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.
Jamais la préservation de la vie ne nous a autant préoccupés. Pourtant, nous avons rarement eu le sentiment d'être à ce point dévitalisés. Comme si l'élan vital s'était subitement absenté de notre quotidien. Cet ouvrage se lance à la poursuite de cet appétit d'existence qui seul fait se sentir vraiment vivant. A quoi reconnaît-on l'élan vital ? Quels types d'impulsions et de mouvements suscite-t-il ? Quels en sont les ingrédients, les manifestations, les métaphores ? Surtout, comment le réveiller, le nourrir, le partager, en identifiant nos « biophores », c'est-à-dire nos activateurs de vitalité ? Comment, en miroir, nous prémunir de ce qui l'attaque, l'amenuise, l'éteint, en luttant contre les « biocides » en tous genres, ces expériences destructrices de vitalité ? Cerner ce qu'est l'élan vital pour le faire renaître en nous, tel est l'objectif de ce livre qui se présente comme un antidote philosophique au vague à l'âme contemporain, un manifeste pour l'envie retrouvée.
« Il n'y a pas de hasard ou il n'y a que des hasards », comme disait Rimbaud, et c'est dans un vide-greniers à Saint-Lunaire que François Morel a trouvé un vieil exemplaire défraîchi de La Cancalaise. Dans cette revue, endommagée par le temps, étaient reproduites une douzaine de chansons d'un poète et marin breton, Yves-Marie Le Guilvinec. Intrigué par l'originalité, la singularité de ce qu'il lisait, François Morel, avec l'aide de Gérard Mordillat, a voulu enquêter sur l'auteur oublié de ces textes et établir sa biographie.
Yves-Marie Le Guilvinec, né en 1870 à Trigavou, pêcheur sur les grands bancs de Terre-Neuve, cadet d'une famille nombreuse, est mort en mer en 1900. Il vécut sans autre horizon que la pêche à la morue et disparut au moment où la gloire lui tendait les bras.
La biographie d'Yves-Marie Le Guilvinec complétée par l'intégrale du texte de ses chansons est accompagnée de plusieurs lettres émouvantes à sa mère et d'une étude sur sa mort que nous devons à l'amabilité du Dr Patrick Pelloux, ainsi que de portraits par Ernest Pignon-Ernest.