Yves Le Fur
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Oeuvres sans titre, sans auteur, les formes naturelles furent collectées à de nombreuses époques et dans différents lieux du monde. Universelles, elles apparaissent dans la diversité d'usages d'une pluralité de cultures comme les signatures matérielles d'invisibles forces, supports cultuels ou supports de contemplation, traits d'union entre le naturel et le surnaturel, le visible et l'invisible, mais surtout comme l'indice de préoccupations esthétiques. De l'homme de Néanderthal aux artistes contemporains, ces objets révèlent les rapports sensibles que nous entretenons avec les formes, les matières, et l'imaginaire lié aux substances naturelles. Séduisantes images venues des profondeurs de la terre, énigmatiques sculptures qui furent traces du vent, geste d'eau, leur réunion ouvre sur une interrogation, celle de la fabrication des apparences par le regard humain. Par notre regard, une masse confuse ou indéfinissable peut prendre forme. Ainsi, sans qu'ils aient été touchés par la main de l'homme, des objets non taillés, non modelés, bois fossile, cristal et liane deviennent matières à rêver. Leurs formes simples où composites semblent nier toute représentation du réel, mais c'est à celui qui les regarde que revient le privilège de leur donner sens. De même, parfois, faute de repères, notre imaginaire investit totalement les objets-témoins de cultures méconnues. Leurs formes revêtaient, à l'origine, une valeur esthétique, symbolique, rituelle ou autre, qui pour nous, demeure fréquemment hermétique; elles ne sont nullement silencieuses et constituent un lieu de mystère que le regard s'essaie à décrypter dans le plaisir des jeux de l'imagination. Ces objets, vestiges de cultures souvent inaccessibles, possèdent un pouvoir d'évocation qui affirme leur présence et force notre intérêt, notre mémoire, voire notre émotion, les faisant ainsi pénétrer dans le jeu des rencontres formelles. Mais nous pouvons disposer encore plus librement des objets de nature, objets sans auteur, car ils nous offrent un espace sans l'affirmation d'un acte créatif autonome. L'absence de repères marque ici l'absence de support dialectique?: peu nous importent les circonstances au cours desquelles ces éléments érodés, polis, patinés ou amalgamés se sont transformés en objets. Leur existence dépend d'un rapport profond avec celui qui les choisit, le regard du collecteur-collectionneur devenant l'acte essentiel, acte de création. C'est lui qui fonde ou qui annihile le pouvoir même de l'objet. Tout est lié à la qualité du regard, au rapport d'éligibilité qui s'établit. Sans doute faut-il quelque attention ou une capacité à être en état de fascination pour pénétrer ces pièces dont la densité et l'opacité font obstacle à une découverte facile et instantanée. C'est à celui qui les regarde qu'il convient de conquérir une expérience exceptionnelle. Ainsi ces objets permettent-ils de s'interroger sur les fondements de nos choix esthétiques - il n'est pas de regard pur ou objectif - et sur la genèse des oeuvres d'art. Que l'on considère les objets de nature comme étant en deçà ou au-delà de toute notion d'art, leur singularité en demeure saisissante: ils ne gênent nullement la spéculation esthétique, ils la stimulent. Dès lors qu'ils sont choisis, ramassés, donc déviés, pour pénétrer soit dans l'univers du sacré comme chez certains peuples d'Afrique ou d'Asie, ou dans le monde profane des collectionneurs, leur existence première trouve une autre nature. La diversité de ce type d'objets est sans limite. Il ne s'agit pas pour l'auteur de cet ouvrage d'établir un inventaire ou d'esquisser un panorama des objets de nature présentant quelque intérêt formel, ou suscitant la curiosité. Yves Le Fur se propose non pas de les isoler dans un hypothétique univers de «?formes absolues?», mais de les situer par rapport à notre regard sur les oeuvres d'art. Les «?oeuvres?» dont il est question ici ont acquis une dimension poétique ou spirituelle. N'est-ce pas notre vocation la plus secrète, transgresser les limites du définissable pour accéder peut-être, à l'intemporel??
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Statues : chefs-d'oeuvre du musée du Quai Branly - Jacques Chirac
Yves Le Fur
- Quai Branly
- 26 Octobre 2022
- 9782357441453
Après la parution de Chefs-d'oeuvre, puis de Masques, voici la publication d'un troisième album, consacré aux plus remarquables statues du musée.
Statues, chefs-d'oeuvre du musée du quai Branly - Jacques Chirac présente une sélection de près de cent statues conservées dans les collections du musée du quai Branly - Jacques Chirac, reproduites en pleine page et accompagnées de courtes notices dans un style simple et accessible. -
Au croisement de l'anthropologie, de l'histoire de l'art ancien et contemporain, de la mode et des moeurs, l'exposition propose diverses mises en scène et mises en oeuvre sur le thème universel des cheveux.
Abordant l'idée que chacun donne de sa personnalité par la coiffure, elle se présente tout d'abord sous l'angle de la frivolité, des compétitions entre blonds/blondes, rousses et bruns, lisses et crépus. Comparant les coquetteries des Papous des Hautes Terres de Nouvelle-Guinée ou des belles citadines africaines ou des «Merveilleuses» du Directoire, l'exposition avance vers l'idée du matériau humain à modeler, à sculpter, support à la fois de savoir-faire, de la relativité de la beauté, mais aussi objet de perte (par l'âge ou la violence), symbole du temps qui passe et de la mort. Par leur usage nostalgique, les cheveux sont des supports de mémoire. Restes humains, reliques, ils conservent un peu de l'aura et de l'énergie de leur propriétaire. Une large partie de l'exposition est consacrée à ces mana (pouvoir sacré des ancêtres) qui ont donné naissance, dans le monde, à de multiples objets dits «magiques» ou pour le moins dotés de pouvoirs que l'on s'approprie.
La question du reste et du trophée est ainsi posée et plus largement du statut de certains «objets» campés aux frontières de l'horripilant et de l'insoutenable, interrogeant nos catégories à partir d'une expérience universelle.
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Collection de photographies ethnographiques constituée de portraits et de paysages datés du XIXe siècle aux années 1930. Ces images témoignent de l'évolution des représentations de l'Autre. Une approche des mondes non occidentaux par les Européens. Un regard sur les cultures découvertes par voie de mer depuis le XVe siècle, l'Afrique, l'Asie puis l'Océanie.
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Ouvrage de synthèse sur les arts et cultures extra-européens à partir des collections du musée. L'initiation à l'histoire de l'art se fait autour d'une sélection de quarante oeuvres pour chacun des quatre continents : Afrique, Asie, Océanie, Amériques.
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Masks - masterpieces from the musee du quai branly
Yves Le Fur
- Quai Branly
- 16 Janvier 2015
- 9782357440784
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Les donateurs du musee du quai branly - 2006-2016
Yves Le Fur
- Quai Branly
- 18 Juillet 2016
- 9782357441033
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Statues from the Musée du quai Branly - Jacques Chirac collections
Yves Le Fur
- Quai Branly
- 29 Septembre 2023
- 9782357441521
Historien de l'art et conservateur général du Patrimoine, spécialiste des arts d'Afrique et d'Océanie, Yves Le Fur privilégie une approche croisée de l'anthropologie et de l'esthétique. On lui doit la présentation de l'aire Océanie de la collection permanente du musée du quai Branly - Jacques Chirac. Il a notamment été commissaire des expositions « Résonances » en 1991 au musée Dapper, « La mort n'en saura rien. Reliques d'Europe et d'Océanie » en 1999 au musée national des arts d'Afrique et d'Océanie, puis au musée du quai Branly - Jacques Chirac, « D'un Regard l'Autre. Histoire des regards européens sur l'Afrique, l'Amérique et l'Océanie», exposition inaugurale du musée, en 2006, « Cheveux chéris. Frivolités et trophées » en 2012, « Les Forêts natales » et « Picasso Primitif » en 2017, et enfin « 20 ANS. Les acquisitions du musée du quai Branly - Jacques Chirac » en 2019
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Le Tour de France & les Bretons : La fabuleuse histoire du Tour de France en Bretagne, de 1903 à nos jours
Philippe Priser, Yves-Marie Théréné, Laure Le Fur
- Le Telegramme
- 17 Mai 2024
- 9782492394065
« La Bretagne est la terre bénie du cyclisme » Ici, c'est la terre bénie du cyclisme. Ici, on respire vélo. Ici, c'est avec passion. Et lorsque l'on pense au Tour de France, on pense tout de suite à la Bretagne. Avant de penser au Galibier ou à l'Alpe d'Huez, on pense à la Bretagne. Et on pense à cette côte qu'on nomme affectueusement «l'Alpe d'Huez bretonne», celle de Mûr-de-Bretagne, et à la genèse de la première arrivée là-haut en 2011. La Bretagne a donné naissance à tellement de champions. Les Robic, les Bobet avant. Les Barguil, Gaudu et Madouas à présent. Et le plus connu de tous, Bernard Hinault, évidemment. C'est en 1905 que le Tour passe pour la première fois en Bretagne. Il en fera sa terre d'adoption. Richement illustré à partir du fond iconographique du Tour de France, cet ouvrage retrace toutes les histoires, petites et grandes, qui lient la Grande Boucle à la Bretagne, et aux Bretons. Ce livre est le récit d'une histoire d'amour. Celle qui lie la grande boucle, l'épreuve reine du cyclisme à la Bretagne, la terre bénie du vélo. Sur 144 pages ce livre richement illustré retrace la folle histoire du Tour de France en Bretagne de 1905 à nos jours. Il narre les grands épisodes sportifs et les petites histoires qui ont marqué le Tour dans nos contrées et revient sur ces champions que la Bretagne a enfantés.
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Masques - chefs-d'oeuvre des collections du musee du quai branly
Le Fur Yves
- Quai Branly
- 16 Juin 2008
- 9782915133608
Une sélection de 96 masques parmi les plus beaux de la collection du musée du quai Branly.